Des concours d’obstacles sur le thème du bien-être

En France, la jeune association Jump éthique va lancer des épreuves de saut d’obstacles axées sur le bien-être des chevaux. Les cavaliers y participant devront répondre à une série de critères pour espérer voir leur dotation doublée. L’objectif est autant de sensibiliser le monde équestre aux bonnes pratiques que d’entretenir une bonne image de l’équitation.

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© Christophe Bortels

Ces dernières années, de nombreux progrès ont été réalisés en matière de bien-être équin, notamment grâce à l’éthologie et à l’évolution des différentes règlementations. Malgré cela, plusieurs mouvements animalistes ou de protection des animaux ont tendance à questionner le bien-fondé et l’impact de pratiques comme les sports ou les spectacles équestres. A l’avenir, cela pourrait devenir une menace pour l’équitation en général.

Une solution à cette problématique est de rendre la filière équestre toujours plus exemplaire en terme de bien-être animal, ce qu’essayent de faire de nombreuses fédérations au travers de leurs règlements. Des initiatives originales se développent également, comme celle de l’association française Jump éthique.

Fin mai, celle-ci organisera à Barbaste (Sud-Ouest de la France) son premier concours de saut d’obstacles sur le thème du bien-être. Il s’agit d’une compétition tout à fait classique lors de laquelle seront greffées des épreuves « éthiques ». Pour y participer, les cavaliers devront déclarer respecter certaines conditions au sein de leur écurie, comme des sorties quotidiennes au pré ou paddock, des contacts sociaux privilégiés entre chevaux, un accès aux fibres à volonté,…

L’épreuve se déroulera de manière classique, avec un classement établi en fonction des pénalités et du temps. A côté de cela, les cavaliers seront évalués par les juges et commissaires du concours suivant une grille d’analyse qui s’inspire de la charte du bien-être équin et comprend des critères de santé, de comportement, d’équipement, d’harmonie, etc. Les officiels noteront par exemple si le cheval est en bonne santé, s’il ne présente pas de défenses, si le cavalier utilise judicieusement ses aides lors du parcours, s’il règle correctement son équipement ou encore s’il réalise une détente respectueuse au paddock. Ensuite, les cavaliers classés qui répondent à tous les critères de la grille verront leur dotation doublée grâce aux sponsors qui soutiennent Jump éthique.

La récompense plutôt que la sanction

Les critères imposés par Jump éthique peuvent sembler peu ambitieux, mais l’association a choisi cette formule afin d’inciter un maximum de cavaliers à y adhérer. « Au départ, on s’est demandé où placer le curseur en matière d’exigences, et dans un premier temps nous avons choisi des critères simples et larges pour que les juges aient le temps de remplir la grille, mais aussi pour emmener le plus de monde possible dans notre démarche », explique Emilie Waxin, membre de Jump éthique. « Par ailleurs, nous avons préféré récompenser les bonnes pratiques plutôt que de sanctionner celles qui seraient mauvaises, car on ne prétend pas posséder le savoir absolu en matière de bien-être. Les participants aux épreuves pourront aussi avoir accès à leur grille d’évaluation pour savoir comment s’améliorer. »

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© Christophe Bortels

A travers ses évènements, Jump éthique veut sensibiliser aussi bien les cavaliers que le public – du moins lorsque celui-ci sera autorisé dans les concours. En dehors des épreuves éthiques, diverses activités sur le bien-être sont par exemple prévues au concours de Barbaste : mini-conférences par des vétérinaires ou éthologues, panneaux informatifs, stand « Jump éthique » avec de la documentation sur le sujet, présence de bénévoles, etc. « Notre démarche n’est pas moralisatrice, elle a pour objectif d’informer et de servir de piqûre de rappel si besoin », précise Emilie Waxin. « Par défaut de temps, d’argent ou autres, il peut arriver à certains cavaliers de négliger un peu le bien-être de leurs chevaux et nous voulons les aider à s’améliorer non pas en opposant de « bonnes » ou de « mauvaises » pratiques, mais en créant un dialogue. Certains commettent aussi des erreurs par manque de connaissances, et c’est également à cela que sert notre grille d’évaluation. »

Le concours de Barbaste fin mai devrait être le premier d’une série de compétitions du genre. Jump éthique a en effet comme intention d’étendre son concept « éthique » à d’autres concours, pour finalement former un circuit et toucher le plus de monde possible.

D’un mémoire à une association

Jump éthique est une jeune association, puisqu’elle a été créée en février 2021. Elle est toutefois le fruit d’une réflexion de longue date. Sa présidente, Sophie Dubourg, est dirigeante d’un centre équestre dans la région de Bordeaux et nourrissait depuis longtemps l’envie de créer un circuit de compétition axé sur le bien-être. Cette idée est devenue l’objet de son mémoire de fin d’études dans le cadre d’un Diplôme universitaire « éthique, bien être et droit du cheval », puis elle s’est transformée en projet. Pour concrétiser celui-ci, Sophie Dubourg a proposé à plusieurs étudiants de la même formation de la rejoindre au sein d’une association, Jump éthique. Celle-ci compte actuellement six membres, dont une des enseignantes d’équitation et plusieurs avocats travaillant dans le domaine du droit équin. Tous sont bien sûr amateurs de chevaux et attentifs au bien-être équin. Leur objectif avec cette association est de sensibiliser sur ce sujet.

jumpethique.fr

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !