Votre bridon est-il adapté à votre cheval ?

Aussi beau ou ergonomique soit-il, un bridon n’est vraiment confortable que s’il est bien adapté et ajusté à la tête du cheval. Géraldine Vandevenne, spécialiste en adaptation de l’harnachement, nous a livré quelques conseils simples pour vérifier son bridon. Objectif : améliorer le bien-être du cheval mais aussi gagner en efficacité dans le travail !

Géraldine Vandevenne est ce qu’on appelle une bit fitter. Comme le font les saddle fitters pour les selles, son métier est de trouver les brideries, embouchures ou ennasures qui correspondent le mieux aux chevaux. Car lorsqu’on achète un bridon, il ne suffit pas de choisir la bonne taille ou le look qui nous plaît le plus ; il faut aussi s’assurer qu’il convienne à la morphologie de sa monture. Ensuite, il est également primordial de bien savoir le régler.

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© Christophe Bortels

Pourquoi le réglage du bridon est-il important ?

Un bridon mal adapté ou mal réglé peut créer de l’inconfort, des points de pression voire des blessures (visibles ou non) chez le cheval. Dans le travail, un équipement inadéquat peut entraîner des comportements ou signes désagréables comme une encolure raide, une bouche dure, une langue qui sort,…  A long terme, les contraintes exercées par un bridon et/ou un mors mal adapté peuvent aller jusqu’à entraver la progression dans le travail.

Le cavalier a donc tout intérêt à adapter et ajuster son bridon s’il est soucieux du bien-être de son cheval. « Un harnachement bien réglé améliorera non seulement le confort, mais aussi la biomécanique du cheval », souligne Géraldine Vandevenne. « Et puis bien sûr, il permettra d’éviter les blessures. »

L’idéal est de bien régler son bridon au départ, puis de surveiller les signaux d’alertes cités ci-dessus. Certaines blessures liées à un bridon ou un mors mal adapté peuvent se loger dans la bouche, il est donc important d’en vérifier l’intérieur régulièrement. Enfin, un équipement bien adapté ne dispense évidemment pas de recourir aux soins habituels de dentisterie, d’ostéopathie, etc.

Quelques points à vérifier pour un bridon bien ajusté

Rien ne vaut l’avis d’un professionnel qui prendra en compte la morphologie du cheval, l’ensemble du matériel et pourra établir des recommandations précises sur l’équipement à privilégier. Cependant, chaque cavalier peut déjà améliorer lui-même l’adaptation de son bridon sur base de quelques éléments.

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Il faut idéalement pouvoir passer un doigt entre la têtière et l’arrière de l’oreille (© Christophe Bortels)

Le dégagement des oreilles : la têtière ne doit pas flotter mais elle ne doit pas gêner les oreilles du cheval. Idéalement, il faut pouvoir passer un doigt entre la têtière du bridon et l’arrière de l’oreille. Comme la têtière offre peu de possibilités de réglages, il faudra la remplacer si sa forme ou sa taille ne convient pas au cheval.

Les montants : les boucles supérieures des montants du mors et de la muserolle ne doivent pas être trop proches de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) car cela crée des points de pression et de tension désagréables. Si par exemple vous êtes obligés de placer les boucles à cette hauteur pour que le mors soit correctement positionné, il y a de fortes chances que votre montant du mors soit trop grand pour la tête de votre cheval. Le problème peut être réglé en remplaçant ce montant par un équivalent plus court.

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Les boucles se trouvent ici trop haut et sont trop proches de l’ATM (© Christophe Bortels)

« En général, on évitera les montants que l’on doit régler au dernier trou car si l’on change de mors pour un modèle avec des anneaux plus hauts par exemple, on n’aura pas de marge suffisante pour attacher l’embouchure à la bonne hauteur », précise Géraldine Vandevenne.

Le bon positionnement du mors dans la bouche est d’ailleurs parfois complexe à trouver, car il dépend de chaque cheval. « La règle des deux plis dans la commissure des lèvres n’est pas toujours valable car selon les chevaux, la commissure n’est pas placée à la même hauteur par rapport aux dents et aux barres du cheval », souligne la bit fitter. « L’idéal est de regarder l’intérieur de la bouche pour s’assurer que le mors se place bien par rapport aux canines et aux prémolaires. »

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Mieux vaut directement vérifier la hauteur du mors dans la bouche (© Christophe Bortels)

Le frontal : il ne doit pas être plaqué contre la tête du cheval. Tout comme pour la muserolle, on fera généralement en sorte de pouvoir passer l’épaisseur d’un doigt entre la pièce et la tête du cheval. Géraldine Vandevenne remarque que les frontaux trop courts sont plutôt fréquents, de même que les têtières trop petites.

La sous-gorge : elle sert initialement à éviter que le bridon passe par-dessus les oreilles du cheval, mais pour cela, il faudrait qu’elle soit vraiment ajustée. On préférera cependant éviter de serrer trop la sous-gorge, au risque d’entraver la respiration du cheval. 

La muserolle : pour la positionner à la bonne hauteur, la règle veut généralement que l’on laisse une largeur d’un ou deux doigts entre la muserolle et l’apophyse zygomatique. Toutefois, cette norme est à adapter en fonction de la morphologie du cheval : « S’il a une petite tête, il faut par exemple surveiller que la muserolle ne tombe pas sur les naseaux et n’entre pas en conflit avec les anneaux du mors », souligne Géraldine Vandevenne. La taille de la muserolle revêt aussi une importance particulière : « Sur un cheval avec un nez court, on évitera un modèle large car il risque d’appuyer sur les ailes du nez même si la muserolle est placée haute », ajoute la bit fitter.

Il faut au moins pouvoir passer un doigt entre la muserolle et le chanfrein (© Christophe Bortels)

En ce qui concerne la fermeture de la muserolle, on évitera de trop la serrer peu importe le modèle. Une muserolle trop serrée peut notamment compliquer la respiration, la circulation sanguine et la déglutition du cheval, ou encore augmenter son stress. Afin de garantir suffisamment de confort, l’usage veut que l’on puisse passer au minimum un doigt entre la muserolle et le chanfrein. Depuis quelques années, plusieurs fédérations équestres nationales dont les danoise, néerlandaise et suisse imposent par ailleurs un espace minimum de 1,5 cm.

Pour aller plus loin

Un bridon bien adapté et bien ajusté va déjà améliorer le confort du cheval, mais il ne faut pas oublier un détail essentiel : le mors. Le choix de l’embouchure ou l’ennasure est très personnel, c’est pourquoi il est préférable de faire appel à un bit fitter. Celui-ci pourra en effet conseiller le cavalier en fonction de la bouche du cheval, et lui donner la possibilité de tester plusieurs mors, bridons ou ennasures.

© Christophe Bortels

Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que l’adaptation du bridon et/ou du mors peut être évolutive. « L’idée n’est pas de changer toutes les semaines, mais plusieurs évènements peuvent amener à revoir l’adaptation du harnachement », souligne Géraldine Vandevenne. « Il peut s’agir d’une blessure du cheval ou du cavalier, mais aussi d’un changement de discipline, d’une évolution dans le travail, etc. »

Enfin, si votre cheval a une tête particulièrement difficile à habiller, sachez que certaines marques vendent des pièces de bridon détachées. Vous pourrez ainsi adapter votre matériel à moindres coûts si vous avez simplement besoin de remplacer des montants ou un frontal par exemple.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !