Parler aux chevaux comme aux enfants serait bénéfique

Des éthologues de l’INRAE et l’IFCE ont mené une étude sur l’impact de notre façon de parler sur le comportement des chevaux. Il s’avère qu’adopter un langage proche de celui qu’on utilise avec les jeunes enfants facilite les interactions et améliore le bien-être des équidés.

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Voix plus aigüe, répétition des mots, variation des sonorités : généralement, les adultes adoptent une façon de parler un peu différente lorsqu’ils s’adressent à de jeunes enfants. Une petite enquête menée sur les réseaux sociaux auprès de 845 cavaliers et propriétaires a démontré que 93% d’entre eux utilisent régulièrement ce type de langage avec leurs chevaux.

Cette façon de parler est d’ailleurs répandue auprès d’autres animaux, si bien qu’on lui a donné un nom : le « pet-directed speech » – ou PDS. On sait déjà que chez les primates et les chiens, ce langage permet de mieux capter et retenir l’attention, et par conséquent de favoriser l’apprentissage. Jusqu’à présent, aucune étude de ce type n’avait cependant été menée sur les chevaux, et c’est pourquoi l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation) et l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement) ont décidé de s’y intéresser.

Les deux Instituts avaient déjà prouvé par le passé que les chevaux sont capables de reconnaître des émotions humaines sur des photographies de visages, et que les expressions de colère les rendent plus nerveux. Pour analyser l’impact du « PDS » sur les équidés, les chercheurs ont mené différents tests sur 20 chevaux auxquels on n’avait jamais parlé de cette façon.

Des résultats clairs

Un premier test consistait à faire caresser chaque cheval individuellement en utilisant soit le langage PDS, soit un langage neutre. « Lorsqu’on s’adresse à eux en utilisant le PDS, les chevaux répondent plus favorablement, ils sont plus calmes, regardent davantage l’expérimentateur et répondent aux gestes de pansage de l’expérimentateur en miroir (ils frottent le bout de leur nez contre lui en cherchant à le toiletter en retour), gestes qu’ils ne font pas si on s’adresse à eux dans un langage adulte neutre« , soulignent les chercheurs dans un communiqué.

Lors d’un deuxième test, il était question de communication : l’expérimentateur devait communiquer au cheval la localisation d’une récompense alimentaire dans un des deux seaux fermés qu’il lui présentait. L’humain désignait le seau avec la récompense avec le bras et en utilisant à nouveau soit un langage neutre, soit un langage PDS. « Lorsque l’expérimentateur parle de façon neutre, les chevaux choisissent un seau au hasard. En revanche, lorsque l’expérimentateur parle en PDS, ils choisissent préférentiellement le seau qui leur a été indiqué. Le PDS capte donc l’attention des chevaux et les aide à mieux comprendre les intentions et à suivre les instructions de l’expérimentateur pour réussir la tâche demandée.« 

Alors que seuls 44% des cavaliers et propriétaires sondés pensaient que leur cheval était sensible à cette façon de parler, l’enquête révèle que le langage « PDS » facilite bel et bien les interactions lors du pansage, du travail,… Les chercheurs de l’INRAE et l’IFCE estiment même que parler aux chevaux de la même façon qu’aux jeunes enfants contribue à améliorer leur bien-être.

Références et informations supplémentaires : Léa Lansade, Miléna Trösch, Céline Parias, Alice Blanchard, Elodie Gorosurreta, Ludovic Calandreau, Horses are sensitive to baby talk : Pet-directed speech facilitates communication with humans in a pointing task and during grooming. Animal Cognition 2021.

Marie-Eve Rebts

Co-fondatrice de Cheval-in, Marie-Eve est cavalière depuis plus de vingt ans, et journaliste équestre depuis une dizaine d'années. Elle pratique le dressage mais adore le monde équestre dans sa globalité, et s'est même essayée avec joie à de nombreuses disciplines comme l'équitation américaine, le TREC ou le horse-ball !